Joseph

Tel est le nom donné à la roue motrice référentielle d’une machine de contre-déplacement.
Ce char d’épouvante peut toujours détruire à l’arrêt si la roue motrice référentielle est touchée mais au moins, la destruction ne se déplacera plus.

La machine est là, sourde et menaçante prêchant Stakhanov et exhortant le sacrifice personnel tout en détruisant Stakhanov lui même comme futilité d’une gloire personnelle qui détourne de l’œuvre donc de l’égalitarisme, aucun autre homme ne pouvant se proclamer être comme Stakhanov, un être dont la puissance va au delà d’une normalité de condition.
La grande terreur, la grande purge, noms glaçants, effroyables et pourtant brûlants comme le froid entourant l’acier bleui.

Sommes nous finalement passés d’un camp de travail à un autre ?
Plus complexe, plus grand, plus inaccessible, plus froid qu’une colonie de travail de la Kolyma et n’appartenant à aucun Politburo ou une Ortskommandantur. Pas plus que d’un deuxième ou quatrième Bureau.

Une question lourde qui demeure en observant Joseph, car tel est le nom donné à la roue motrice référentielle de cet effroyable mécanisme de guerre de contre-déplacement.
Une roue motrice dans une machine ressemblant à un grand tank, avec de larges chenilles qui ne craignent aucun terrain. Rien ne pourrait le stopper, aucun obstacle ne ferait frein.

Ce n’est pas une machine comme l’Ichtic et tant d’autres, elle est noire et surtout implantée ici comme un virus.

Des excroissances pouvant happer toute contestation ici et là, sur les cotés, devant, partout. Tumeurs accablantes.
Elle est là, depuis des siècles, dans cette terre rouge et ravagée et attend !
Quelque chose n’a pas fonctionné, la machine ne s’est pas activée. C’est une question qui peut avoir réponse.
Une pièce maîtresse de la chaîne, l’ami du Timonier qui reste pour moi une grande crainte. Les machines me parlaient autrefois, mourir dans une cage, sombre vision, est ce le futur ? Le passé ?

Qui sont ses servants et qui commande les conducteurs ; Ils sont toujours dans le blindage et n’ont plus de regard, ont ils compris ce qu’ils sont devenus ?
La Faction Purificatrice guette Joseph depuis des générations pour capturer un servant. Comme si une écoutille quelque part sur l’ignoble blindé allait s’ouvrir avec un pilote qui descend par une échelle…aussi simplement que ce geste.
Cette branche dissidente est finalement encore plus attristante que le Dogme originel qui l’a vu naître. J’ai mal pour eux.

La Faction pense qu’il suffit de planter un pieu dans le cœur pour exorciser un conducteur. Pauvres bigots inquiets mais la terreur d’affronter les démons qui ont conçus leur Ordre en font des guerriers redoutables. Un enfant peut s’approcher d’un scorpion et en mourir, ils sont pareils à des enfants conditionnés dans des branches astrales. La Faction porte en elle la marque d’un altruisme mal dirigé, le nombre de perte d’unités combattantes de la Faction est bien trop élevé. Ils vont à la mort en souriant et en pleurant.

Oui la Faction a bien étudiée Joseph, on peut dire qu’ils ont eu le temps.
Il y a quelques clefs à savoir.
Joseph peut s’activer et commencer sa moisson de mort tout comme rester inerte et finir dispersé en plaques rouillées un jour.
La Faction a crée des liens avec la Forge et un protocole depuis existe.
Le protocole Chostakovitch.

Il existe de nombreux hauts parleurs sur la surface martienne, 252 exactement dont la disposition en spirale débute non loin de Joseph. Tous sont prêts à faire entendre Allegro non troppo.
Alexei Tolstoy qui glorifia Joseph Staline en parla, en son temps. Un propos pouvant être à trois sens.

Svante avec le temps et ses tourments a perdu le nom de Beethoven mais le protocole Chostakovitch n’existe que grâce à la passion du Grand Béton Sven. Un point d’équilibre pour Svante.
Le protocole existe aussi grâce aux boites musicales du Sepulcrum, lors du forage des tuyères.
Allegro non troppo… Symphonie nº 5 en fut extrait et gravé en orbite, puis ici, dans la poussière rouge.
La Faction semble prendre en exemple quelques points de La Forge, ils évoluent mais il leur faut un guide, un chef. Peut être un débarqué qui se trouve en Zone de vivance qui connaît l’histoire. Les débarqués du Moyen-Age n’y entendent rien et sont terrifiés, le Pilon les accueille à bras ouvert. Brûler, tuer l’hérétique c’est leur métier et le pauvre Jacques s’en trouve rassuré, les rangs grossissent. J’irais donc dans la Zone de Vivance 1 partager leur quotidien et les observer.

Dmitri Chostakovitch un jour exprima que la majeur partie de ses symphonies sont des monuments funéraires.
Il dit : Trop de gens de notre pays, de chez nous et nos familles aimées, ont péri on ne sait où et nul ne sait où ils sont enterrés, les demandes d’enquêtes n’aboutissent jamais. Même leurs proches ne le savent pas et sont trop souvent inquiétés. Où peut-on pour ces disparus sans noms dresser un monument ? Seule la musique peut le faire. Je leur dédie donc toute ma musique »

Lorsque les 252 hauts parleurs résonneront, les dés seront jetés, les chenilles géantes de Joseph ravageront notre terre. Un nouvel Holodomor pour affaiblir les Zones ou pire encore, seule la machine sait.

Je confirme sur le terrain les études de Lammar et le savoir qu’il ma révélé, et d’autres parties consignées au Convoyage.



Natsha Vichnegradski.
Convoyage.