Aslan Yankelowitz ne voyait plus rien, peut être était-ce dû à la présence de sang dans ses yeux.
Un grand sac avait été encordé autour de sa tête, un sac en toile noire, un sac sentant le rance et la décomposition.
Aslan ne pouvait rien voir la tête ainsi enserrée dans les ténèbres.
Tout s’était passé avec la vitesse du feu dévorant la plaine sèche et pourtant, quelques heures avant tout était si calme et paisible !
Aslan essayait de se rappeler les heures précédentes avant le cauchemar, bien avant que les
chevaliers de la Tour Noire ne viennent le chercher.
Il s’était couché de bonne heure après un festin fabuleux.
La vie était belle et le travail facile.
Dans le silence de la nuit tout bascula : des clameurs provenant des tours de sa citadelle le réveillèrent.
Aslan appela ses serfs, ses capitaines et hurla ses ordres. Il devait être revêtu de son armure de bataille. Une attaque de nuit. Sûrement son traître de voisin qui convoitait sa fortune.
Cet impudent allait payer lourdement son erreur car personne ne peut s’attaquer impunément au plus puissant guerrier de ce monde.
Il eut un rictus de satisfaction et se dit qu’un bonus nocturne en esclaves serait le bienvenu.
Ce n’est qu’en sortant de son donjon qu’Aslan comprit que quelque chose était différent : la peur se lisait sur les visages de ses hommes et un chaos sans nom régnait au-dehors.
Ses guerriers étaient livides, les loups de guerre enfermés dans les chenils gémissaient de terreur ; courbant l'échine et urinant partout.
Alors Aslan, le plus puissant guerrier de ce monde marcha vers les créneaux de sa Citadelle et vit le cauchemar amassé aux pieds des murs que son père et de son père avant lui avaient construits.
L’armée des maudits ! L’armée des perdus à jamais, exhumés de terres impures brisait sa citadelle ! Le pan nord-ouest se détacha d’un rempart avec un craquement sinistre de tremblement de terre : la Citadelle se fissurait.Les combleurs de douves de l’armée des morts travaillaient d'arrache-pied et ses servants ne connaissaient pas la douleur et encore moins … la peur.
Le pont-levis fut éventré, les herses de protection saccagées sous l’effet des machines de guerre et le métal tordu par la chaleur des flammes se convulsait comme des couleuvres au sein de leur nid.
Le combat des guerriers karmiques contre les forces noires se solda par un embrasement général. Tous y perdirent la vie.
Aslan vit alors sa chute : loin sur la colline, des dragons le regardaient, leurs yeux rouges fendant les plissures du brouillard de la nuit.
Il sut qu’il était découvert, lui-même ainsi que son artefact interdit.Maudite engeance, traîtres à sa cause, les dragons rouges scellèrent une trêve avec les chevaliers noirs.Le dragon dans son vol lourd *
"*Problème de décrunch de code, nous passons à la seconde partie de l’introduction de la ROM.
Nous mettons sous réserve qu’un des plans se trouve dans la partie extraite que nous appelons A*"
Aslan ne voyait plus rien, le sac de toile noir était solide. Lui, le plus puissant guerrier de ce royaume était terrassé par des faces décharnées. Il plia les genoux et tomba sur les ruines de sa citadelle. Sa gloire partait en fumée aussi rapidement que son armée se faisait brûler par des flammes infernales.
Maîtrisé, battu, trahi et aveuglé par un sac immonde, sans prestige, Aslan fut asservi par de lourdes chaînes et jeté sans ménagements dans une charrette sordide … une charrette de fossoyeur.
Le temps passait. La charrette avançait lentement, son essieu grinçant luttait contre la mauvaise route. Plus la charrette avançait, plus la route devenait mauvaise.
Aslan réussit à éventrer le sac avec ses dents et à en arracher une partie grâce à un des nombreux clous de la carriole fichés dans le bois grossier.
Il aspira une goulée d’air bienfaisante, et le vent de la nuit frappa son visage.
Il voyait enfin de nouveau hors de son joug de mauvaise toile.
Sa langue *
"*Nous rencontrons un second problème de décrunch du code, un trou semble apparaître dans les chaînes de caractères et estimons que ce défaut imperceptible nous met en présence d’une des ROMS clefs.
Nous passons directement sur le premier octet suivant et relançons la séquence B*"
Un homme était enchaîné comme Aslan dans la gerbière, un homme au grand sourire inquiétant qui le regardait fixement.
Un homme a la peau sombre.Trop enchaîné pour fuir, lesté de plomb, le plus puissant guerrier de ce monde vit alors devant lui une masse noire trancher les ténèbres de cette nuit d’horreur.
La charrette avançait sans s’arrêter et la masse noire grossissait. Le temps changeait. Il faisait plus froid et l’air sentait le cadavre et la peur. Il avait l'impression qu'un spectre ignoble flottait dans les airs et l'enserrait dans une chape.
Une lumière bleu foncé jaillit du haut de la Tour telle un phare inconcevable et balaya une lande sinistre.
Aslan voyait de prés la Tour Noire, le bastion des Chevaliers Noirs, les «invisibles indivisibles » ceux là même qui voici quelques siècles avaient assiégé la Forge souterraine de Colossus premier, le titan libérateur.Les fortifications étaient étranges et déroutèrent le puissant guerrier.
La Tour Noire restait une construction massive, qui ne pouvait avoir été édifiée que par des maudits car partout des herses défensives étaient érigées.
Le métal humide accrochait par à-coups les reflets cycliques de la lumière bleue qui là-haut tournait fantômatiquement.
le guerrier vaincu se rendit compte -malgré les bravades de certains guerriers saoûls entendus dans les tavernes enfumées des Bourgs- que les systèmes défensifs de la Tour Noire avaient de quoi briser les assauts de plusieurs armées : des murs massifs, construits de manière qui lui semblait incohérente, des couloirs de herses qui rejoignaient des allées sombres, puis la vision de la porte principale faillit le rendre fou : une arche de quinze mètres de portée, une structure malsaine avec des visages sculptés dans la pierre.
L'homme à la peau sombre le regardait fixem*
"*Nous rencontrons une nouvelle corruption, le décrunch de l’animation ne se lance pas, l’image reste sur le mur de pierre, le problème n’est pas perceptible en lecture.
Nous passons directement sur le premier octet suivant et relançons la séquence C*"
La charrette s’arrêta.
Aslan n’entendait plus que le bruit saccadé de sa respiration. La brume de la nuit avait depuis longtemps trempé ses vêtements et ce qui restait de son armure de bataille.
Il faisait froid dans cet endroit. Très froid.
L'homme à la peau sombre respirait sans bruit et ne disait mot.
Aslan vit avec une grande inquiétude que cet être n’était pas enchaîné comme lui, que ses mains étaient libres de toute entrave de fer.
L’être mystérieux lui sourit, des dents très blanches apparurent contrastant fortement avec sa peau.
Aslan essayait de percer les ténèbres de l’arche géante, et écoutait un martèlement sourd et lent qui provenait des voûtes et se répercutait dans l'obscurité.
Comme si quelque chose de lourd marchait, en traînant quelque chose, un objet en métal.
Le voile des ténèbres s’écarta en volutes humides pour laisser passer deux armures qui avançaient lentement vers la charrette.Aslan eut un réflexe d’horreur et se colla brusquement contre un des montants de la charrette, se blessant cruellement sur quelques têtes de clous saillants.
Impossible de fuir. La peur primaire surgit alors que le corps est glacé de froid humide.
Il eut la vision d’un fruit mûr qui se craquelle et laisse sortir sa pulpe sous une presse.
Il se tassa sur lui-même et serra les dents, attendant le coup puissant qui le mélangerait à la terre détrempée.
Les deux armures s’arrêtèrent, chacune d’un côté de la charrette et regardèrent la lumière bleue un moment puis l’une d'elle, celle qui avait une croix blanche entaillée sur le torse, tendit une sorte de main et attrapa un Aslan exsangue pour le sortir de la charrette.Le guerrier brisé dans son âme sentit son genou claquer comme une corde usée lorsque l’armure le reposa brutalement sur la surface du sol : la prise de sa citadelle avait été violente et les coups reçus nombreux.
Il commençait à ressentir ses premières contusions.
La seconde armure détacha les chevaux terrifiés et partit avec, laissant la charrette sur place avec l’être à la peau sombre qui souriait toujours, muré dans son éternel silence.
Puis tout bascula de nouveau. La grande armure à la croix blanche entaillée qui tenait une des longues chaînes d’Aslan se mit en marche vers l’Arche géante. Le guerrier réussit à faire quelques pas avant de tomber et d’être traîné dans la terre mouillée. Puis la boue fit place à des dalles dures et luisantes qui heurtèrent de nouveau son front.
Ils passèrent sous l’Arche, et en même temps toute lumière fut comme aspirée. Il sentait la vie fuir son corps et fut pris d’une violente nausée.
Aslan aperçut des murs colossaux, toujours construits d’une façon qui lui paru anormalement efficace : la Tour n’était pas faite pour se protéger d’une attaque extérieure mais plutôt pour empêcher quelque chose d’en sortir.
Partout des cordages immenses voilaient les voûtes, puis sa tête heurta une nouvelle fois les pierres anguleuses.Il ne comprit plus grand chose, sa raison lui échappant, et sombra dans un puits sans fond.
Une éternité passa, une éternité de douleur, dans un grand choc glacé brutal !
Aslan ouvrit les yeux et recouvra d’abord la vue pour quitter son évanouissement dans un grand mal-être.
Attaché et enferré dans une cellule de prison, il venait d’être aspergé d’eau froide. L’air avait une consistance bizarre dans laquelle flottait une odeur inconnue, peut-être une odeur d’encens.
Les lumières dispensées par des torches murales accentuaient un sentiment d’insécurité malsaine.
Tout d'un coup Aslan se figea et son cœur s’arrêta de battre un instant…
En face de lui, se tenait un chevalier noir.
Il pensa qu’il devait être le premier à en voir un d’aussi près, et l’habit faisait plus moine que chevalier. La cape était trompeuse. Aslan comprit que cet artifice avait jusqu’à ce jour berné les villageois craintifs.
S
ous la cape existait un grand homme dans une étrange cuirasse, quelque chose qu' Aslan n’avait jamais vu.Le sol de la pièce humide reflétait les petites lumières magiques produites par l’étrange cuirasse recouverte d’une grossière robe de moine.
Aslan vit qu’au niveau du cou*"*Nous rencontrons un problème de décrunch du code, un trou semble apparaître dans les chaînes de caractères et estimons que ce défaut imperceptible nous met en présence d’une des ROMS clefs.
La séquence d’introduction est bloquée, la chaîne commence au menu du programme.
Nous étudions le premier niveau et attendons les instructions.*"